#05 - Rencontre avec les éléments

L'eau est fraîche, froide, claire et transparente.
Je m’immerge dans ses entrailles et elle m’accueille de différentes manières.


Sur ma peau, sa température coupe le souffle et saisit les couches de l’épiderme, mes muscles, mes tendons ...

 

De calme et limpide, elle se change en force tumultueuse quand je me rapproche de la cascade. Elle teste mes capacités de résistance.
La vitesse et le bouillon font perdre quelques degrés à l’onde. Paradoxalement, devoir faire des efforts pour faire face à cette force me permet de me réchauffer.

 

 

Agripper le rocher sur lequel l’eau tombe en fracas la fait exploser en gouttes et vagues qui me submergent et que, malgré moi, j’avale, déglutis, tousse et subis.

 

L’eau ... Pour jouer avec elle, il faut s’y plier. Sans respecter ses codes, on ne peut lutter.
Essayer de rester stoïc et droit face à l’élément mouvant nous fait tomber, on a le sentiment d’être repoussé …


Il faut la comprendre et jouer selon ses codes donc commencer par reconnaître « qu’elle a déjà gagné » puisqu’on ne peut jouer qu’avec ses règles à elle !


Sa nature liquide, impétueuse et mouvante s’infiltre dans mes cavités, bouche, nez, yeux ...
Elle me frappe, me pousse de sa vitesse et de sa hauteur.  Elle m’éclabousse de sa vigueur froide et forte.


J’entame la discussion accroché à mon rocher. Plus je résiste et moins j’ai froid. Je me sens pénétré, sondé par sa puissance.

 

- « vas tu lâcher petit homme ? »
- « NON ! »


Je tiens et me retiens des pieds et des mains qui glissent sur le rocher rond et polis par le flux de l’eau qui charrie graviers et sables, années après années.

 

Je lâche, me recule, l’onde me repousse et me guide vers le calme de la vasque, plus loin ...

L’eau change de température, de texture et d’état d’esprit.


Je savoure l’instant et y retourne. Je sens l’envie de me dépasser, de voir jusqu’où je peux tenir, aller voir ce que me propose l’expérience.


L’eau tape mon buste, les bras levés, les mains fouillant le rocher pour y trouver une aspérité afin de trouver un point de maintient.


Tenant plus par force que par la prise sur ce rocher rond et moussu, l’eau frappe ma poitrine et je me connecte au cœur pour voir ce que cela me procure.


Je sens alors l’eau me traverser, me transpercer, me laver et clarifier les choses en moi.
Un bleu froid et métallique s’installe en vision à l’intérieur.
Je reste encore deux minutes, cinq peut-être ? Dans ce torrent de montagne frais, froid ?

Il ne me le semble plus, il est accueillant.


J’évolue dans le mole encore un moment. Puis, sans surestimer les capacités physiques et physiologiques de mon organisme confronté à des températures si basses, je sors détendu, léger, excité par l’expérience, la discussion et l'échange que je viens de vivre.

 

J’ai senti l'énergie du bois qui me protégeait dans mon épaisseur pour ne pas être saisi, transi, transpercé par le froid.
J’ai également ressenti l'énergie Feu du froid qui réchauffe.
Le métal par sa couleur habituellement grise, dans mon esprit, prend une autre teinte. Il est comme bleui par le froid. C'est cette image qui s’impose à moi. Le métal donne le sentiment d'une émotion droite, sans faille, inflexible avec laquelle on ne discute pas. On ne négocie pas avec le métal, il casse ou nous tranche !


Évidemment, l'élément de l’eau était bel et bien présent étant donné que c'est lui qui m’a proposé cet instant en son sein. 

Enfin, l'élément Terre, certes plus discret, m’offrait un point d’appui même précaire.

 

Ces éléments sont tous présents en tout et en chancun, savons-nous prendre le temps de les reconnaître ?


Merci de cette expérience !

 

Jean-Guillaume